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Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/19

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« J’étais à toi peut-être avant de l’avoir vu.
Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne ;
Ton nom m’en avertit par un trouble imprévu :
Ton âme s’y cachait pour éveiller la mienne.
Je l’entendis un jour et je perdis la voix ;
Je l’écoutai longtemps, j’oubliai de répondre ;
Mon être avec le tien venait de se confondre ;
Je crus qu’on m’appelait pour la première fois.»

Par complaisance, ou dans un but qu’il serait trop délicat de préciser. Délie se fit la complice de l’amant : « Ces attentions qu’on me témoigne, prétendait-elle, s’adressent à vous. » Marceline se défendit, mais quelle jeune fille peut rester insensible à l’émoi qu’elle fait naître, au premier encens qui monte vers son cœur. Tout en s’amusant de ce « badinage » elle voulut s’arrêter sur cette voie oie l’entraînait une séduction savante :

« Par un badinage enchanteur
Vous aussi, vous m’avez trompée !
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Je l’ai vu cet amant si discret, si tendre.
J’ai suivi son maintien, son talent, sa voix.
Ai-je pu m’abuser sur l’objet de son choix ?
Ses regards me parlaient, et j’ai su le.-i entendre.
 
Mon cœur est éclairé, mais il n’est point jaloux.
J’ai lu ces vers charmants où son âme respire;

C’est l’Amour qui l’inspire,
Et l’inspire pour vous
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