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Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/30

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rir un cœur blessé à mort d’amour (le mot a été effacé), c’est étrange et fatal. » Et plus loin : « Et moi, sais-tu ce que je regrette de cette belle Rome ? La trace rêvée, qu’il y a laissée de ses pas, de sa voix si jeune alors, si douce toujours, si éternellement puissante sur moi. Je ne demanderais à Rome que cette illusion ; je ne l’aurai pas. »

Qui donc oserait lui reprocher cette heure profonde d’émotion, non de défaillance, ni de regret. Est-on maître de l’oubli ? Mais aucun réveil de désir ne troubla l’épouse fidèle et scrupuleuse ; même tout bas dans son cœur, jamais elle n’appela le retour de l’absent ; jamais elle ne regretta de s’être unie à Valmore. Les soins, les attentions infatiguées et délicates, que seule peut commander une affection vraie, les longues épreuves acceptées et partagées sans une plainte, l’obéissance infinie, l’abandon et comme la confusion de soi-même avec le maître de sa vie, les protestations dont elle remplit les lettres qu’elle lui adresse et dont l’accent ne peut laisser aucun doute, en sont d’irrécusables témoignages.

Honnête, affectueux, dévoué, mais d’une nature moins fine, Valmore douta parfois cruellement de cette sincérité. Sa mère, qui l’avait suivi pendant les premières années du mariage, laissa, avant de mourir, à ce fils que pourtant elle aimait, les semences et les tor-