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Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/31

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tures du doute. Aussi, vingt ans plus tard, le mari inquiet encore du passé, avait-il de ces accès de jalousie posthume qui arrachaient à ses lèvres des paroles amères, des reproches auxquels l’épouse, injustement accusée, répondait avec une si affectueuse humilité : « Oui, le sort nous a fait bien du mal en nous séparant, mais je me sens aussi pénétrée de l’espoir que ce n’est qu’une grande et sévère épreuve, après quoi je serai réunie à toi, Valmore, pour qui je donnerais vingt fois ma vie. Si ce serment, vrai devant Dieu, ne suffit pas à la tendre exigence de ton affection pour moi, je suis alors bien malheureuse, et si tu vas chercher dans le peu de talent, dont j’abhorre l’usage à présent, des recherches pour égarer ta raison, où sera le refuge où j’abriterai mon cœur. La poésie n’est donc qu’un monstre, si elle altère ma seule félicité, notre union… »

Entre deux engagements, Valmore s’empressait d’ordinaire d’accourir à Paris, obsédé par son idée fixe de rentrer à la Comédie-Française. En 1839, l’année qui suivit le voyage en Italie, il revient au théâtre de Lyon, laissant à Paris sa femme et ses enfants ; il ne semble pas entendre, dans les lettres qu’il reçoit chaque jour, la plainte de celle qui ne voudrait plus le quitter. Marceline a une mission à remplir, de nouveaux efforts à tenter, toujours dans le même but à atteindre, il faut que