Aller au contenu

Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

séductions, que l’on promet un amour sans bornes, sans terme que le tombeau !… Ne cherchez donc pas à l’inspirer à moi, — j’ai tant souffert ! Oui, vous ferez bien de m’éviter. C’est tout ce qu’il y a de raisonnable dans vos projets que je ne comprends pas. Je vous éviterai aussi, — j’en ai déjà pris la triste habitude. Que ne ferais-je pas pour être en repos avec moi-même. N’auriez-vous aucun regret si vous me rattachiez à l’existence pour m’en faire un jour un autre genre de douleur ? Ah ! laissez-moi, je vous prie, triste comme je le suis, je ne suis pas faite pour aimer. Je ne puis l’être jamais non plus. Je ne crois pas au bonheur ! Pourquoi dites-vous que votre mélancolie éloigne mon cœur du vôtre ? Pensez-vous cela ? Etes-vous bien naïf quand vous me l’écrivez ? Vous faites un reproche à notre malheureux état de nous avoir rapprochés l’un de l’autre. Cette expression est bien dure. Si vous vous en plaignez, quel droit n’aurai-je pas de le haïr ? Pardonnez-lui pourtant, il peut tout réparer en nous séparant bientôt. Il me restait à savoir que vous le désirez pour rendre ce départ plus certain. Non, ce n’est pas votre tendresse qui vous a conseillé jamais de m’écrire, — ce n’est pas non plus votre excellente mère qui vous aurait détourné de troubler mon âme. Pour