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LES PLEURS.

J’ai cru qu’avec des fleurs tu décrivais ton sort,
Et que ton aile au vent n’était point arrêtée :
Sous ces réseaux de fer aux rigides couleurs ;
Et que tu respirais la tristesse enchantée
Que la paix du désert imprime aux jeunes fleurs ;
Que tu livrais aux flots tes amoureuses larmes,
Miroir pur et profond qu’interrogeaient tes charmes ;
Et que tes vers émus, nés d’un frais souvenir,
S’en allaient sans efforts chanter dans l’avenir !

Mais tu vivais d’une flamme
Raillée en ce froid séjour ;
Et tu pleurais de ton ame,
Ô Salamandre d’amour !

Quand sur les feuilles parlantes
Que ton cœur sut embraser,
Tu laisses dans un baiser
Courir tes larmes brûlantes,

Ô Louise ! on croit voir l’éphémère éternel
Filer dans les parfums sa soyeuse industrie,
Lorsque, tombé du ciel, son ardente patrie,
Il en retient dans l’ombre un rayon paternel ;
Fiévreux, loin du soleil, l’insecte se consume ;