Page:Desbordes-Valmore - Poésies, 1860.djvu/107

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Qui n’offrez à l’amour que des yeux en courroux,
Pardonnez-moi mes vers, ils ne sont pas pour vous.

Toi ! dont l’âme, à la fois aimante et malheureuse,
D’une âme qui t’entende appelle l’entretien,
Si je puis rencontrer ta paupière rêveuse,
Devine mon secret, devine… c’est le tien.

Presse alors sur ton cœur ces écrits pleins de larmes.
Dis-toi : Qu’elle a souffert ! que je la plains ! quel sort !
Mais d’un bien que j’attends si je goûte les charmes,
Dis-toi : Qu’elle est heureuse ! elle est calme, elle dort.

Si je m’éveille, écoute : une voix consolante
Suivra, sans les troubler, tes pas silencieux,
Et portera ces mots à ta douleur brûlante :
« Viens ! ne crains pas la mort, on aime dans les cieux ! »

Viens ! la mort n’est qu’un pas dans l’ombre ;
Viens ! l’exil est doux à franchir :
C’est le jour après la nuit sombre,
C’est son Dieu qu’on vient de fléchir.

Oui, le malheur finit. Et moi, je vais t’attendre ;
Mon âme va chercher ce qu’elle osa prévoir :
Point d’adieu ; non, ce mot est l’effroi d’un cœur tendre ;
C’est à toi, qui m’entends, que je crie : Au revoir ! »