Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/110

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retrouve jusque dans les formes des mots la marque personnelle du philosophe. Puis ce langage tout émaillé de vieilles expressions, comme derechef, sonuenance et ressouuenir, ouyr, etc., avec de vieilles tournures, comme les pour ce que et les encore que, dont il ne craint pas d’abuser, pour bien montrer la solide charpente des phrases et en faire saillir les jointures, tout cela a besoin aussi, ce semble, d’une vieille orthographe, surtout si on imprime avec des caractères anciens et dans l’ancien format : nos façons d’écrire, toutes modernes, feraient avec un pareil texte le plus choquant disparate. On donnera donc scrupuleusement l’orthographe de Descartes, sans omettre la moindre particularité (ni même la moindre faute), toutes les fois que la chose sera possible, c’est-à-dire lorsqu’on aura le texte écrit de sa main.

Pour tout le reste, on suivra les plus anciennes éditions, celles qui ont paru de son vivant et dont lui-même a corrigé le texte, lorsqu’on l’imprimait.

Pour l’édition posthume des Lettres (1657-1667), on reproduira le texte tel qu’il a été donné par Charles Angot, l’imprimeur des trois volumes, en prenant quelques libertés toutefois, comme certainement il en a pris lui-même, pour la ponctuation et les majuscules. Une difficulté se présentait cependant : le premier volume a eu successivement trois éditions (1657, 1663 et 1667)  ; or l’orthographe varie de 1657 à 1663, et elle n’est pas non plus la même de 1663 à 1667. La question deviendrait délicate, si ces changements constituaient un progrès ; mais ils paraissent dûs simplement à ce que l’imprimeur avait changé d’ouvriers typographes. Ainsi la 2e édition a donné grans (p. 34, l. 24), et la 3e grands, ce qui est peut-être plus régulier ; mais ailleurs, la 2e donne jusques (p. 34, l. 20), j’espere (p. 92, l. 12), j’ay dit (p. 36, l. 24), toû-jours (p. 46, 54, 128, 191, etc.), et la 3e, aux mêmes pages, iusques, i’espere, i’ay dit, tousiours, etc. Il est curieux aussi de constater sur l’exemplaire de l’Institut les changements que les annotateurs de 1684 à 1704 auraient apportés au texte imprimé en 1667 : parce que substitué presque partout à pource que, et dans à en (ex., dans l’esprit, dans ses lettres, etc.), si bien que plus d’une correction de leurs mains, qu’on serait tenté de prendre pour une variante, n’est pas le moins du monde un retour à l’ancien texte de Descartes, mais un simple rajeunissement de style. Nous nons en tiendrons donc pour les