Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/294

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écrire, s’ils ne le tirent des lettres que i’ay enuoyées à M. F(errier)[1], ils ne ſe rencontreront point du tout auec moy.

Ie vous prie, autant qu’il ſe pourra, d’oſter l’opinion que ie veüille écrire quelque choſe à ceux qui la 5 pourroient auoir, & plutoſt de leur faire croire que ie ſuis entierement éloigné de ce deſſein ; comme de fait après la Dioptrique acheuée, ie ſuis en reſolution d’étudier pour moy & pour mes amis à bon eſcient, c’eſt à dire de chercher quelque choſe d’vtile en la 10 medecine, ſans perdre le temps à écrire pour les autres, qui ſe mocqueroient de moy, ſi ie faiſois mal, ou me porteroient enuie, ſi ie faiſois bien, & ne m’en ſçauroient iamais de gré, encore que ie fiſſe le mieux du monde. Ie n’ay point vû le liure de Cabeus de 15 Magneticâ Philoſophiâp180, & ne me veux point maintenant diuertir à le lire.

Pour vos queſtions, ie n’y ſçaurois gueres bien répondre, car mon eſprit eſt entierement diuerty ailleurs. Toutesfois, ie vous diray que ie ne croy pas 20 qu’vne corde de luth retournaſt, gueres plus longtemps in vacuo qu’elle fait in aëre ; car la meſme force qui la fait mouuoir eſt celle qui la fait ceſſer à la fin[2]. Comme, quand la corde C D eſt tirée iuſques à B, il n’y a que la diſpoſition qu’elle a de ſe racourcir 25 & reſſerrer de ſoy meſme, à cauſe qu’elle eſt trop eſtenduë, qui la fait mouuoir vers E, en ſorte qu’elle ne de|uroit venir que iuſques à la ligne droite C E D, & ce qui la fait paſſer au delà, depuis E iuſques à H,

  1. Lettres XI et XIII.
  2. Cf. page 74, l. 3.