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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/707

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ainſi voſtre Alteſſe ne laiſſera[1] pas de reuenir aiſement à la connoiſſance de la diſtinction de l’ame & du corps, nonobſtant qu’elle ait conceu leur vnion.

Enfin, comme ie croy qu’il eſt tres-neceſſaire d’auoir bien compris, vne fois en ſa vie, les principes de la Metaphyſique, à cauſe que ce font eux qui nous donnent la connoiſſance de Dieu & de noſtre ame, ie croy auſſi qu’il ſeroit tres-nuiſible d’occuper ſouuent ſon entendement à les mediter, à cauſe qu’il ne pourroit ſi bien vacquer aux fonctions de l’imagination & des ſens ; mais que le meilleur eſt de ſe contenter de retenir en ſa memoire & en ſa creance les concluſions qu’on en a vne fois tirées, puis employer le reſte du temps qu’on a pour l’étude, aux penſées où l’entendement agit auec l’imagination & les ſens[2].

L’extreme deuotion que l’ay au feruice de voſtre Alteſſe, me fait eſperer que ma franchiſe ne luy ſera pas deſagreable, & elle n’auroit engage icy en vn plus long diſcours, où l’euſſe taſché d’éclaircir[3] à cette fois toutes les difficultez de la queſtion propoſée ; mais vne faſcheuſe nouuelle que ie viens d’aprendre d’Vtrech, où le Magiſtrat me cite*, pour verifier ce que i’ay écrit d’vn de leurs Miniſtres, combien[4] que ce ſoit vn homme qui m’a calomnié tres indignement, & que ce que i’ay écrit de luy, pour ma iuſte défene, ne ſoit que trop notoire à tout le monde, me contraint de finir icy, pour aller conſulter les moyens de me tirer, le plutoſt que ie pourray, de ces chicaneries. Ie ſuis, &c[5].

  1. lairra.
  2. le ſens.
  3. éclaircir] eſpacer.
  4. combien… monde parenthèse.
  5. Made, de