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��OEUVRES DE Descartes. 52-53.

��Car, comme la foy nous apprend que la fouueraine félicité de l'autre vie ne confifte que dans cette contemplation de la Ma;efté diuine, ainfi experimentons-nous dés maintenant, qu'vne femblable méditation, quoy qu'incomparablement moins parfaite, nous fait iouir du plus grand contentement que nous foyons capables de reffentir en cette vie.

��60 I Méditation quatrième.

Du vray & du faux.

le me fuis tellement accouftumé ces iours paffez à détacher mon efprit des fens, & i'ay fi exactement remarqué qu'il y a fort peu de chofes jque l'on connoilTe auec certitude touchant les chofes corpo- relles, qu'il y en a beaucoup plus qui nous font connues touchant l'efprit humain, & beaucoup plus encore de Dieu mefme,que main- tenant ie deflourneray fans aucune difficulté ma penfée de la confi- derâtion des chofes fenfibles ou imaginables, pour la porter à celles qui, eftant dégagées de toute matière, font purement intelligibles.

Et certes l'idée que i'ay de l'efprit humain, en tant qu'il efl vne chofe qui penfe, & non eftenduë en longueur, largeur & profon-

61 deur, & qui ne participe à | rien de ce qui appartient au corps, eft incomparablement plus diftinde que l'idée d'aucune chofe cor- porelle. Et lorfque ie confidere que ie doute, c'eft à dire que ie fuis vne chofe incomplète & dépendante, l'idée d'vn eftre complet & indépendant, c'elt à dire de Dieu, fe prefente à mon efprit auec tant de diltinclion & de clarté; & de cela feul que cette idée fe retrouue en moy, ou bien que ie fuis ou exirte, moy qui poffede cette idée, ie conclus fi.euidemment l'exilknce de Dieu, & que la mienne dé- pend entièrement de luy en tous les momens de ma vie, que ie ne penfe pas que l'elprit humain puilTe rien connoiftre auec plus d'eui- dence & de certitude. Et defia il me femble que ie découure vn chemin qui nous conduira de cette contemplation du vray Dieu (dans lequel" tous les trefors de la fcience & de la fageffe font ren- fermez) à la connoill'ance des autres chofes de l'Vniuers.

Car, premièrement, ic reconnois qu'il eit impoffible que iamais il

a. K Laquelle » (i" édit.). « Lequel » (2« édit. et suiv.).

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