Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, X.djvu/13

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la princesse Elisabeth[1], du 31 décembre 1653, nous apprend que Chanut, alors ambassadeur de France en Hollande, donna à Huygens connaissance des papiers de Descartes : il aura sans doute commencé par l’inventaire. De là cette copie, assez fautive, et de la main d’un Hollandais qui ne savait pas très bien le français. Elle fut publiée, telle quelle, en ces derniers temps, par le regretté Bierens de Haan, dans ses Bouwstoffen voor de Geschiedenis der Wis- en Natuurkundige Wetenschappen, 1887 (twede Verzameling, p. 371-379). Elle fut publiée de nouveau, après revision du manuscrit à Leyde même, par MM. Charles et Henri Adam, avec commentaire des articles, dans la Revue internationale de l’Enseignement supérieur, 15 novembre 1894, p. 439-454. Ces articles sont au nombre de vingt-trois, juste autant que les lettres de l’alphabet qui servent d’ailleurs à les désigner (les lettres I et J ne comptant que pour une, et de même U et V). Baillet avait cité presque textuellement l’article C, et renvoyé aux articles D, Q et S (t. I, p. 50-51, et t. II, p. 400, 403 et 406).

C’est qu’une autre copie existait aussi en France, peut-être la même qui est récemment rentrée à notre Bibliothèque Natio-

  1. Constantin Huygens à Elisabeth, 31 déc. 1653 : « …Pour longue qu’eſt desja ceſte lettre, je ne puis m’empeſcher de l’eſtendre de quelques lignes, pour tres humblement ſupplier V. A. de me vouloir gratifier d’une copie du recit que Monſieur Chanut, preſentement Ambaſſadeur icy, me dit auoir faict par lettre à V. A., des circonſtances de la derniere maladie & treſpas de M. Deſcartes. Ce qu’il m’en a dit de bouche, Madame, m’a faict juger qu’il importe, pour pluſieurs conſiderations, que ces particularitez ſoyent cognues & à ſes amis, & à ſes enemis, la calomnie n’ayant ceſſé de perſecuter juſqu’à l’ombre de ce grand perſonage, à l’honneur duquel je m’aſſure que V. A. prendra en bonne part la liberté que je me donne de l’importuner ſur ce ſubject. Monfieur » Chanut, qui poffede tous les papiers du defunft, & prétend d’en faire » imprimer quelques Lettres d’eflite, defire fueilleter le tout aueq mond’ » Archimede, pour veoir ce qu’il y a encor de Philofophique ou de » Mathématique, dont on pourroit faire part au publiq, rr’y ayant point » de brouillon de cefte merueilleufe main, à mon aduis, qui ne le » mérite. » (Ibidem, t. II, p. 521.) Ledit « Archimède » n’est autre que le fils cadet de Constantin Huygens, à savoir Christian, qui devint le grand Huygens. — Voir une lettre de Chanut, t. V, p. 471.