482 ReGUL/E
» même à l'égard des figures, & ils lui en repréfenloient plujteurs » dont fes yeux ne pouvaient difconvenir. Mais fon efprit dxigeoit >) autre chofe d'eux. Il auroit fouhaitd (ju'ils lui eujfent fait voir les )) raifons pour le/quelles cela étoit ainjï, & qu'ils lui eujfent produit )) les moiens d'en tirer les conféquences . Ceji ce qui Jit qu'il fut moins » furpris dans la fuite de voir que la plupart des habiles gens, même » parmi les génies les plus folides, ne tardent point à négliger ou à » rejetter ces fortes de fciences comme des amufemens vains & pué- » riles, dés qu'ils en ont fait les premiers effais. AufTi étoit-il fort » éloigné de blâmer ceux qui, ayant des prê-fentimens de leur inu- » tilité, ne font point difficulté d'y renoncer de bonne heure, furtout » lors qu'ils fe voient rebute\ par les difficulté^ & les embarras qui Je » rencontrent dés l'entrée. »
» Il ne trouvoit rien effeâivement qui lui parût moins folide, que » de s'occuper de nombres tout Jïmples & de figures imaginaires (en » marge : Cartes, ibid. Régula 4), comme fi l'on devoit s'en tenir à » ces hagateUes Jans portei- fx vue' au delà. Il y voioit même quelque » chofe de plus qu'inutile; & il croyoit q\i' il étoit dangereux de )) s'appliquer trop férieufement à ces démonfirations fuperficielles, » que l'indufirie & l'expérience fournijfent moins fouvent que le » ha\ard, & qui font plutôt du reffort des yeux & de l'imagination que 11 de celui de l'entendement. Sa maxime étoit que cette application » nous defaccoûtume infenfiblement de l'ufagede nôtre raifon, & irous » expofe à perdre la route que fa lumière nous trace. »
« Voila une partie des motifs qui le portèrent à renoncer aux » Mathématiques vulgaires. Mais il paroît que le refpecl qu'il » témoigna pour les Anciens, l'empêcha de pouffer le mépris qu'il » faifoit de ces Sciences au delà des têms & des lieux où il trouva de » l'abus dans la manière de les cultiver ou de les enfeigner. Car » venant à faire réflexion fur la conduite des anciens Philojophes, » qui ne voulaient recevoir perfonne dans leurs Ecoles qui nefçùt les » Mathématiques, & particulièrement la Géométrie, comme fi cette » fcience leur eût paru la plus aifée & la plus néceffaire de toutes pour » préparer leurs efprits à la Philofophie : il aima mieux croire que » ces Anciens avaient une Science de Mathématique toute différente » de celle qui s'enfeignoit de fan téms (en marge : Ibid. utfupr.), que » de les confondre parmi les Modernes dans le jugement qu'il en » faifoit. Le préjugé où il pouvoit être en faveur de ces Anciens, » n'alioit pourtant pas jufqu'à lui perfuader qxïils euffient une con- » noiffance parfaite des Mathématiques. Les réjouiffances demefurées, » & les facrifices qu'ils faifoient pour les moindres découvertes.
�� �