Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, X.djvu/495

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ad Directionem Ingénu. 48)

^y -étoient des témoignages du peu de progrés qu'ils y avaient encoYe » fait, & de la grojfiéreté de leur Jtécle dont ils n'étoient pas éxemis." » L'invention de certaines iHachines, que quelques Hiftoriens ont rele- » vées avec tant d'éloges & d'ojientatian, contribuoit encore à le con- » firmer dans cette penfée : fuppofant que, toutes Jimples & toutes » faciles quelles étaient, ilfuffifoit qu'elles fuffent nouvelles & incon- » niies au vulgaire pour attirer l'admiration publique. »

Il Les premières femences de Vérité, que la nature a mifes dans » l'efprit de l'homme (en marge : Cartes. Regul. 4 ibid.), qui nous » font corriger encore tous les jours nos erreurs par la leâure ou la » converfation, & qui avaient tant de force dans l'efprit de ces » Anciens dont le fonds était peut-être mieux préparé que le nôtre, ont » pu produire, félon M. Defcartes, des effets ajfe^ gj-ands dans ces » premiers Philafophes, pour leur donner les véritables idées de la » Philofophie & des Mathématiques : quoi qu'ils n'en puffent point » encore avoir une connoiffance parfaite, & qu'ils n'euffent pas toute " la politeffe des fiécles poftérieurs. Il appercevoit quelques traces » de la véritable Mathématique dans Pappus & dans Diophante, qui » certainement n'en avoient pas été les premiers inventeurs. Mais » il ne croyoit pas ces fcavans hommes exemts de la jaloufie, qui » empêche fouvent la communication des meilleures chofes. Il les Il jugeoit capables d'avoir fupprimé cette Science qu'ils avaient reçue >i des Anciens, par la crainte de la rendre méprifable en la divul- » guant, fous prétexte qu'elle était trés-Jimple & très facile. Et il leur » fçavoit mauvais gré de n'avoir voulu fubjlituer , à la place de cette » véritable Science, que des vérité^ féches & Jiériles, qu'ils pradui- i> foient comme des démonjlrations & des canféquences tirées des prin- » cipes de cette vraye fcience, afin de les faire admirer comme des » effets de leur Art merveilleux : au lieu de montrer l'Art en lui » même, pour, ne dupper perfanne, ô faire ceffer l'admiration des » Jimples. »

« M. Defcartes ne fut pas le premier qili s'apperçût du mauvais » état où étoit cette Science des Anciens, & des abus qu'y avoient » commis ceux qui l'avoient reçue d'eux d'une manière toute unie » & toute fimple. // s'était trouvé, dès le commencement de fan fiécle, i> de très-grands efprits, qui avoient tâché de la faire revivre fous le )i nom barbare t/'ALCÉBRE, & qui avoient vu que, 'pour y rcuffir, il » fallait la dégager "^ de cette prodigieufe quantité de nombres & de » figures inexplicables, dont on a coutume de la furcharger. »

a. Voir ci-avant, p. 377, note a.

�� �