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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, X.djvu/514

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502 Recherche 70-71.

ce que j'ay dit, fur ma fimple parole. On ne doit jamais | avancer de propofitions fi efloignées de la créance commune, fi on ne peut en mefme temps faire voir quelques efFeds. C'eft pourquoy je vous convie tous deus de fejourner icy pendant cette belle faifon, 5 afin que j'aye loifir de vous déclarer ouvertement une partie de ce que je fçay. Car j'ofe me promettre, que non feulement vous avouerés que j'ay quelque raifon de m'en contenter, mais outre cela, que vous mefmes demeurerés pleinement fatisfaits des chofes que vous 10 aurés apprifes.

Epistemon. — Je n ay garde que je n'accepte une faveur, de laquelle j'avois desja envie de vous prier.

PoLiANDRE. — Et moy, je feray bien ayfe d'afiifter à cette conférence, encore que je ne me fente pa,s i5 capable d'en retirer aucun profit.

Eudoxe. — Penfes plutoft, Poliandre, que ce fera vous qui aurés icy de l'avantage, pour ce que vous n'efles pas préoccupé, & qu'il me fera bien plus aifé de ranger du bon cofté une perfonne neutre, que non 20 pas Epiflemon, qui fe trouvera fouvent engagé dans le parti contraire. Mais, affin que vous conceviés plus diftindement de quelle qualité fera la dodrine que je vous promets, je defire que vous remarquiés la diffé- rence qu'il y a entre les fciences & les fimples con- 2 5 noiffances qui s'acquerent fans aucun difcours de raifon, comme les langues, l'hifloire, la géographie, & généralement tout ce qui ne dépend que de l'expé- rience feule. Car je fuis bien d'accord que la vie d'un homme ne fuffiroit pas, pour acquérir l'expérience de 3o toutes les chofes qui font au monde; mais auffy je me

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