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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, X.djvu/516

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ignore, comme touchant la Divinité, l’ame raiſonnable, les vertus, leur recompenſe : leſquelles je compare à ces anciennes maiſons, que chaſquun reconnoiſt pour eſtre très illuſtres, encore que tous les titres de leur nobleſſe ſoyent enſevelis dans la ruine 5 de l’antiquité. Car je ne doute point que les premiers qui ont obligé le genre humain à croire toutes ces choſes, n’euſſent de tres fortes raiſons pour les prouuer ; mais elles ont eſté, depuis, ſi peu ſouvent repetées, qu’il n’y a plus perſonne qui les ſçache ; & 10 toutes fois ces verités ſont ſi importantes, que la prudence nous oblige de les croire plutoſt aveuglement & au haſard d’eſtre trompez, que d’attendre à nous en éclaircir, lors que nous ſerons dans l’autre monde.

Epistemon. — Pour moy, je ſuis un peu plus 15 curieux, & voudrois, outre cela, que vous m’explicaſſiés quelques difficultés particulières que j’ay en chaſque ſcience, & principalement touchant les artifices des hommes, les ſpectres, les illuſions, & bref tous les effets merveilleux qui s’attribuent à la Magie ; car 20 j’eſtime, qu’il eſt utile de les ſçavoir, non pas pour s’en ſervir, mais affin que noſtre jugement ne puiſſe eſtre prevenu par l’admiration d’aucune choſe qu’il ignore.

Eudoxe. — Je taſcheray de vous ſatisfaire tous 25 deux ; & affin d’eſtablir un ordre que nous puiſſions garder juſques au bout, je deſire premierement, Poliandre, que nous nous entretenions, vous & moy, de toutes les choſes qui ſont au monde, les conſiderant en elles meſmes, ſans qu’Epiſtemon nous interrompe, 30 que le moins qu’il pourra, à cauſe que ſes objections