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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, X.djvu/617

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Supplément. 6o^

des renseignements curieux dans la correspondance de Chanut, alors rtfsident de France à Stockholm. Voici des extraits de trois lettres, écrites par lui cette même année 1646. (Paris, Bibl. Nat., MS.fr. 17962, Négociation de Monjieur Chanut en Suède, années 1645 et 1646.)

« A M. de Gremonuille. Stockholm, 11 août 1646. — ...On a » rapporté tant de merucilles, atteflées par efcrit, d'vne fontaine » qui a paru depuis quatre mois auprès d'Afcherfleben au duché » d'Alberftat, en vn lieu où il n'y en auoit jamais eu, que Monfieur » le Conneftable de la Garde, aueugle depuis cinq années, s'elt » refolu d'y aller pour recouurer fa vciie; comme a fait Monfieur » le Marefchal Torftenfon, qui de Strafiond eft retourné, fur cet » aduis, en efperance de garir entier-ement de fes gouttes pour » l'auenir, & recouurer la vigueur de fes jambes qui en font de- » meurées inutiles. Ce qu'on raconte des effeds de cette fontaine » elt incroyable : elle redonne la parole aux muets, l'ouic aux » fourds, & je dirois volontiers la richeffe aux pauures, puifqu'on » publie qu'en fa dilfolution on a recogneu clairement qu'il y a de » l'or potable méfié. Sur cela, les chimiftes difent merueilles; car » cette race de gens s'eftend jufqu'icy, & prétendent que cette » eaije ert vne demonftration manifelte de la médecine vniûerfeile » qu'ils cherchent en leur folution radicale de l'or. » [Page 53j, recto et verso.)

« A M. Bralîet, 1 i août i()46. — ...On a apporté icy des attcfta- » tions en vers & en profc, fcellécs & bullées, d'vne merueilleufe » fontaine près AfcherOeben en Albcrftat, que, s'il cil vray ce » qu'on en dit, ce font des miracles continuels : les fourds enten- » dent, les aueugles voyent, les boiteux marchent droit, & enfin » les goutteux y gueriffent nettement fans retour & recouurent la » première vigueur des parties affoiblies. M' Tortcnfon y eft allé, » & dans trois jours Monfieur le Conneltable, aueugle depuis cinq » années, y va fur deux vaiifeaux que la Reine luy donne pour tra- ■» uerfer en Allemagne. Si M. Torftenlon & luy reuicnncnt fains, » je ne crois pas que le defir de reuoir la patrie empcfchc Monfieur » de la Tuillerie de faire ce voyage, auparauant que retourner en » France. Ledid fieur Connertable m'a dit qu'en la dillolution de » cette caiie on y a irouué de l'or radicalement diflbus. Et fur cela » les chimiftes triomphent, car nous auons icy de cette vermine, » & fouftiennent que c'eft vne preuue manifeite de la Médecine » \ iiiucrfelle, qu'ils cherchent dans l'or, & chercheront jufques à » la confommation des liecles; car je penfe vous pouuoir dire, fans

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