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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, X.djvu/624

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6i2 Correspondance.

fans mentir, vous/erie^ ejlonné de la force de fon efprit. Pour la conduite de fes af aires, non feulement elle les connoifl, mais elle en porte vigx)ureufement le poids, & le porte quafi feule : au lieu qu'en plufîeurs autres cours on ne traite d'affaires qu'auec les Minijlres, icy nous n'auons 5 à en rendre compte qu'à la Reine, & prendre les ref- ponfes de fa bouche; en quoy elle ejl Jî adroiéïe, que fon aage & fon peu d'expérience ne donnent aucun auantage à ceux qui luy parlent, fon iugement fuppleant tout ce qui luy peut îhanquer en l'vfage des affaires. lo

le me retiens fur cela, & ne veux point faire vn éloge imparfait de cette grande Princeffe, dont ie ne vous ay parlé, que pour vous faire connoiflre, qu'elle vous connoifl pour tel que tout le monde vous doit connoiflre, & qu'à mon iugement elle entendrait auffy clairement que per- i5 fonne du monde tous vos Principes, ayant le fentiment mer- ueilleufement détaché de la feruitude des opinions popu- laires, Jî le fardeau du gouuernement d'vn grand Eflat luy laiffoit ajfe:^ de temps pour en donner à ces méditations. Dans les momens qu'elle peut retrancher du foin des af- 20 faires publiques, & fouuent après les audiences qu'elle m'a données pour les affaires du Roy, elle s'efgaye dans des entretiens, qui pajferoient pour très ferieux entre les fça- uans; & ie vous affeure, qu'il faut parler deuant elle auec grande circonfpeéîion. 2 5

La dernière fois que i'ay eu l'honneur de la voir, elle tomba, par l'occafion d'vne affaire, fur vne queftion dont elle m'obligea de dire mes fentimens, & que i'adioujïeray volontiers icy, parce qu'elle n'efl pas éloignée de ce que ie vous difois au commencement de cette lettre, & qu'elle 3o vous fera connoiflre que fon efprit efi fort éleué : fçauoir

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