Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, X.djvu/623

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Supplément. 6ii

Mais il y a vue difficulté qui me trauaille quelquefois, & que ie vous defcouuriray d'autant plus volontiers, que la charité, en ce rencontre, vous conuiera de me dire, pour foulager ma peine, ce que vous ne donnerie:^ pas à vue 5 Jimplc curiojité. le fens bien, quand i'cfcoutc la raifon, qu'il faut aimer Dieu; ie parle en cecy dans les tenues d'vne recherche purement morale, fans le fecours de la vérité Chrejiienne & de la grâce de Dieu qui l'accom- pagne. Mais toutes les mefures & les raifons de Vaffeclion

lo me femblent Jî courtes, que ie ne peux comprendre quafî que cette aélion de nofrc aine vers vn obieél infiny de toutes parts fe puiffe appeller autrement qu'vn eflonne- ment & vne confufîon très refpeélueufe . le ne fçay fi ie me trompe, & ie vous fupp lie de m'en defabufer, fi ma

1 5 remarque efifauffe; mais il me femble qu aucuns des Phi- lofophes n'a ofé dire que les hommes deuffent aimer Dieu, & que cette familiarité de la créature enuers luy efi vn principe de la Religion.

Au refie, Monfieur, quoyqu'auparauant la leélure de

20 vos Principes i'ignoraffe ce qu'efioit la lumière, ie ne laif- fois pas de voir auffy clairement au moins que ie fais à prefent; & ainfy. bien que ie vous auoue que le ne connois nullement la nature de l'amour, ie n'y fuis pas infenfible, principalement à voftre égard. Et c'efi ce qui me fait plus

25 de difficulté, de fentir en moy vn fi grand effort, & ne connoifire point ce qui m'emporte <fi > violemment. le connois bien ce qui caufe en moy cette affeéîion, l'en fens les effeéls, ie la conferue comme le plus doux fentiment de mon ame : & auec tout cela, ie ne fçay en vérité ce que c'efi.

3o Mad^ de la Tuillerie ne vous a point trompé, lors qu 'elle vous a dit merueilles de nofire Reine de Suéde :

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