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l'ami de Descartes, assez intime encore pour que celui-ci, à la mort de son frère, lui écrivit une lettre de consolation. Singu- lière lettre d'ailleurs : il compare la perte do ce frère à celle d'un bras, que PoUot avait aussi perdu. Puis il fait lui-même un retour discret sur ses propres deuils; mais (peut-être était-ce une offre délicate), l'amitié d'un bon frère, ajoute-t-il, peut se réparer par l'acquisition d'un fidèle ami. Pollot, nous le verrons, mettra plus tard en relations le philosophe et la princesse Elisabeth de Bohême.

En sa qualité de gentilhomme français. Descartes ne pouvait se dispenser de rendre ses devoirs aux ambassadeurs de France à La Haye. Ce fut d'abord le baron de Charnacé', dont le père avait été, comme le sien propre, conseiller au Parlement de Rennes. Venu aux Pays-Bas en i633, Charnacé s'intéressait beaucoup aux lettrés et aux savants, qu'il mettait volontiers aux prises, pour le plus grand profit, pensait-il, de la science. Descartes ne manqua pas de lui offrir un exemplaire de son livre en i63j, et de le prier d'en faire parvenir deux à Paris, un pour le roi, l'autre pour le cardinal de Richelieu ; mais Charnacé fut tué presque aussitôt, au siège de Bréda, le I" septembre lôSy. Ce fut plus tard Gaspard Coignet de la

a. Fils de Jacques de Charnacé (1548-1617), qui fut conseiller au Par- lement de Rennes 'quatre années seulement, de 1577 à i582), le baron Hercule de Charnaci: naquit au château de ce nom, paroisse de Cham- pigné en Anjou, le 3 sept. i588. Élevé à la cour, de quatorze à dix-neuf ans, il demeura ensuite trois ans à Rome avec l'ambassadeur de France M. de Brèves, puis un an à Naples. Le 22 juillet 1618, il épousa Jeanne de Maillé-Brézé. qu'il perdit le 21 févr. 1620. Il se remit alors à voyager auprès des cours étrangères, et se lia avec Gustave-Adolphe. En 1628, il prit part au siège de La Rochelle. Puis Richelieu, à qui son mariage l'avait apparenté, lui confia plusieurs missions en Suède et en Allemanne. Le i3 janv. i633, des instructions lui furent données en vue d'une alliance avec les- Provinces-Unies : le traité fut signé à La Haye, le 5 avril 1(534. Bien qu'ambassadeur, il commandait le régiment que Louis XIII avait mis au service de ses alliés ; c'est ainsi qu'il fut tué au siège de Bréda, le i'='sept. it)37. — Sur son attitude à l'égard des hommes de lettres, voir t. II, p. 283, 1. 16-20.

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