Ce qui caractérise, en effet, l’homme, ou plutôt le corps
humain, vu du dehors, ce sont les mouvements qu’il accomplit.
Descartes en fait aussi l’objet principal de son Traité ; tout ce
qui précède, et qu’on vient de voir, n’est qu’une introduction.
Il distingue à ce propos trois choses[1] : d’abord, les mouvements
eux-mêmes en général, mouvements des membres ou des
organes par le moyen des muscles et des nerfs ; mais (second
point) ces mouvements se font à propos des objets extérieurs
qui agissent sur nos organes, et cette action est à étudier ; enfin
(troisième point) à l’action du dehors répond une réaction du
dedans, et Descartes étudie, en certains cas, cette réponse
appropriée. Le mouvement se produit donc dans notre corps,
après avoir été provoqué par les objets. Et comment se produit-il
ainsi à l’intérieur du corps ? C’est là le nœud de la
question, et c’est par là aussi que commence notre philosophe.
Chose intéressante à remarquer, le mécanisme du cœur, tel qu’il le comprend, lui sert de modèle, semble-t-il, pour expliquer, dans les muscles et les nerfs, un mécanisme semblable. Le va-et-vient du sang dans le cœur s’explique par les quatre vaisseaux qui y débouchent, et surtout par les petites portes ou valvules qui ouvrent et ferment, alternativement et dans le sens qui convient, l’entrée de ces vaisseaux. De même le va-et-vient des esprits animaux dans les muscles : les nerfs sont
- ↑ Tome XI, p. 132 (division), p. 132-141 (première partie), p. 141-165 (seconde), p. 165-200 (troisième), p. 200-202 (conclusion).
ex lis portio aliqua per arterias ad cerebrum perdufta, ibidem in fpiritus animales conuertitur. Quidam his fpiritus naturales adnumerant, quos lamen à fanguine vix difcerni poffe arbitramur : & probabile eft fpiritus praefertim vitales non nifi accidentariô differre à fanguine. Sic igitur fanguis nutrition !, fpiritus vitales vegetationi & palpitation !, animales denique lùm fenfui, cùm motui fubferuiunt. Et quoniam hae operationes per totum corpus erant neceffariae, idcirco natura tria fubminiftrauit véhicula, quibus tùm fanguis cùm fpiritus per totum corpus deferrentur, nempe venas fanguini, arterias fpiritibus vitalibus, neruos animalibus deputauit : fie vt venae à iecore, arteriae à corde, nerui à cerebro congruentiflîmè originem ducerent. Sed de his plura apud Medicos. » (Édit. 2’, 1611, p. 304.)