La sentence rendue ne pouvait que redoubler la sympathie pour la personne de Galilée, et la faveur pour ses idées. Un prêtre à Paris (et Descartes n’en pouvait croire ses yeux, lorsque Mersenne le lui manda en Hollande[1]), Ismaël Boulliaud, voulait écrire aussitôt pour le mouvement de la Terre ; et il faut voir de quel ton, deux ans après, il parle de l’Inquisition : qu’est-ce que ce Tribunal, qui s’arroge un droit, que seuls pourraient avoir les Conciles, lesquels n’ont rien décidé en cette matière ? Mersenne, plus réservé dans la forme, en sa qualité de religieux, au fond devait penser de même. Dès 1634, c’est-à-dire un an presque jour pour jour après la condamnation (son achevé d’imprimer est du 30 juin), il publia Les Mechaniques de Galilée traduites de l’italien en français : dans sa préface, il exprime le vœu que le savant florentin donne au public toutes ses remarques, et ne s’inquiète pas si elles seront ou non conformes à l’orthodoxie[2]. L’année suivante, en 1635,
- ↑ Tome I, p. 288 et p. 290-291.
- ↑ Les Mechaniques de Galilée, Mathématicien & Ingénieur du Duc de Florence. Avec plufieurs additions rares & nouuelles, vtiles aux Architectes, Ingénieurs, Fonteniers, PhiloTophes, & Artifans. Traduites de l’Italien par L. P. M. M. \ Paris, chez Henry Guenon, rué S. lacques, prés les lacobins, à l’image S. Bernard. M. DC. XXXIV.) Achevé d’imprimer, 3o juin 1Ô34. — Préface :’i le feray content, fi ie fuis caufe que — le fieur Galilée noL-’S donne toutes fes i’peculattons des mouuemens, & de
Académiques, qui voit bien plus clair que touts ces gens cy avec fes lunettes d’approciie, qui ne leur ; ? j ont pas neantmoins fait découvrir dans la Lune les irahil’ons que l’on luy a tramées à Rome, où il a efté appelé par ceux de Tlnquifuion, lefquels l’ont mefme retenu prifonnier quelque huid lire : dix-huit) jours, d’où il eft maintenant dehors. Je le fus voir, l’autre jour, avec M. Doni, & luy leus les louanges que certains maiftres de voftre Académie m’ont efcrites fur fes Dialoghi del FlujDo el Refiuffo. qu’il receut avec un extrême contentement. C’eft le vieillard le plus fage, le plus éloquent & le plus vénérable que j’aye jamais veu, & qui a en fa façon & en fes termes je ne fçay quoi’de ces Philofophes anciens : auffi chés luy fe fait le cercle di tutti i virtuoji di lioma. » En marge du MS., Bibliothèque Mé)anes à Aix, Corresp. de Peiresc, t. II, f » 410 : « ce Linceo n’eft autre que l’illuflre Galilei, alors âgé de 74 ans i>. {Les Correspondants de Peiresc, p. p. Tamizey de Larroque, Paris, A. Picard, 1881 : Jean— Jacques Bouchard, \). 58-9.)