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Géométrie. 21^

revenir ensuite au livre II, qui est, en effet, le plus difficile, mais aussi le plus important. Suivons donc ce conseil, et pas- sons au livre III. Descartes y traite d'abord de la nature des équations, et donne, dit-il lui-même, les règles de son algèbre '. C'est là que ses ennemis pensèrent le prendre en faute. Viète, avant lui, en avait dit tout autant sur les équations, et même l'avait dit mieux, sans commettre certaines erreurs qu'on repro- chait à Descartes. Mais on se trompe, répond notre philosophe: loin de redire les mêmes choses que Viète, il commence au contraire par où Viète avait précisément fini. C'est ce qu'il a vérifié lui-même, en « feuilletant » un Viète qui se trouvait, dit-il, « par hasard entre les mains d'un de ses amis». Ces der- niers mots surprennent d'ailleurs ; car il venait aussi de dire, quelques lignes plus haut, qu'il avait tâché de ne mettre, dans sa Géométrie, que ce qu'il croyait « n'avoir point été sceu ni » par Viète, ni par aucun autre" ». Il était donc au courant de ce que savait Viète ; et il avait dû le lire auparavant. D'autre part, le défenseur attitré de Viète en France, Beaugrand, qui avait édité un de ses opuscules en i63i, crut retrouver dans le livre III de la Géométrie plusieurs lègles déjà données par Viète, et imprimées en 161 5; et il ne craignit pas de lancer contre notre philosophe*, une accusation de larcin. Qui des deux se trompe, où essaie de tromperie lecteur ?

Constatons d'abord un point : c'est que Descartes connais- sait de Viète au moins l'opuscule édité en i63i (puisque Mersenne le lui envoya, et qu'il en accusa réception, mettant même l'éditeur au défi de résoudre le problème de Pappus"^^).

a. Tome I, p, 479^ 1. 28, à p. 480, I. 2. — Beaugrand iroiivcra ci- lan- gage de Descartes « insolent » : t. V, p. 5 12, fin.

b. Ibid., p. 479, 1. 15-17.

c. Tome V, p. 5o3-5i2 : lettre de Beaugrand à Mersenne.

d. Tome 1, p. 479, 1. 20-2 f.

e. Ibid., p. 243, 1. 7-20. Descaries s'autorise, pour cnvo\er à Beau- grand ce défi, des dernières lignes de l'opuscule de Vicie. In Artem Analyticen Ifagoge : ■< Denique falluol'um probleiua prolilcniaium ars •■ Analvtice... jure (ibi adrogat, quod ell Nillu.m non Phoiii.i;ma sol- » vi;ri:. » {Opern Mathematica, i(i4<i, p. iz.j Plus tard i'édiicur de Vicie,

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