Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/385

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Affaire df, Leyde. J4^

accusé de pélagianisme (sans qu'il ait jamais su, déclare-t-il, ce que cela était). En outre, il y avait à Leyde, rattaché à l'Université, un Collège destiné à former de jeunes théologiens protestants, sorte de pépinière de futurs pasteurs pour les Provinces-Unies, et même pour tous les pays où l'on voulait prêcher le protestantisme, y compris l'Orient. Le régent ou le principal de ce Collège s'appelait Revius. Celui-ci paraît avoir eu contre Descartes une rancune personnelle. Il l'avait autre- fois connu à Deventer, où notre philosophe avait habité un moment auprès de Reneri Ce dernier était un catholique des environs de Liège, passé au protestantisme et établi en Hol- lande. Revius s'imagina que Descartes n'avait cmig-ré de France que pour se convertir de même, et il l'entreprit sur la question religieuse. Quelle conquête c'eût été pour le protes- tantisme, après celle- de l'érudit Saumaise! Mais notre philo- sophe déclina poliment les avances du ministre trop zélé. Français, disait-il, il entendait garder fidèlement la religion de son roi. Revius insista, ne comprenant pas ce point d'honneur. Descartes répondit alors qu'il resterait fidèle à la religion de sa nourrice. Voilà deu.x beau.x fondements, rapporte le hugue- not scandalisé, pour soutenir la foi d'un philosophe'! Le

a. L'anecdote csi rapporlcc dans un ouvrage de Dirck RiiMn«ANr>isz, Des Acrtrycks beu/eging en de Sonne Jïiljtant 'Amsterdam, i6Cj), p. 49 :

« Laet hier nu bij konrreii, het geenc dat J. du Hois verhaell in zijn » Naecktheydt der Cartefiaenfchc Philnfophie, pag. 5 : Hoe redenloos » on hartneckigh dat defen Defcartes was in zijn Paepl'e gelool, ailoo » dat hy tôt Deventer woonende, van een tretlelijck Predikant, die Ceer » gcmcenCaem met hem ommeging, aengemaent zynde, oni mee toi de » ware Gcreformeerde Religic te komun, hecft hy dit wat (achtjes » afgellagen, als niei willcnde in dil'puyl trcden, met eencn, die hier » in gcoeffent was. . . Soo iieeft hy gefeydl, dat hy \yn religie van den » Koninck hadde. Docii dclen Predikant hier wat harder op tiringende, » heeft Cartelius gcleydi : Ick hebbe de Religie van mijn Minneniocder. » — Op tpelcke twee Jclioone gnmdeii leydt J. du liois; :j/;« geloove » gebouift ^ijnde, is hy daer in hartneckigh gebleven loi den eynde » van ^ijn leven. » Notons ce mot de Descartes : t la religion de sa » nourrice » ; il n'avait pas connu sa luère. (Voir ci-avani, p. y et p. i5j.

Cette façon de penser c-tait d'ailleurs courante parmi les beaux esprits du

Vie ce Descartes. 44

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