Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/194

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En la haine

Quelquefois, au contraire, il venoit quelque ſuc étranger vers le cœur, qui n’étoit pas propre à entretenir la chaleur, ou meſme qui la pouvoit éteindre ; ce qui étoit cauſe que les eſprits qui montaient du cœur au cerveau excitaient en l’ame la paſſion de la haine. Et en meſme temps auſſi ces eſprits allaient du cerveau vers les nerfs qui pouvaient pouſſer du ſang de la rate & des petites venes du foie vers le cœur, pour empeſcher ce ſuc nuiſible d’y entrer, & de plus vers ceux qui pouvaient repouſſer ce meſme ſuc vers les inteſtins & vers l’eſtomac, ou auſſi quelquefois obliger l’eſtomac à le vomir. D’où vient que ces meſmes mouvemens ont coutume d’accompagner la paſſion de la haine.