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Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/159

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L’ÉPOUSE

À Bordeaux on lui avait ramené la petite Ondine, laissée en nourrice aux environs de Lyon et, entre sa fille et son mari (son fils Hippolyte était élevé à Saint-Rémi, près des Andelys), elle travaillait.

Dans une lettre à Jars, l’ancien librettiste de Spontini, devenu député du Rhône, elle avoue des velléités d’écrire pour la scène. Elle a conçu le projet d’un ouvrage dramatique dont l’idée première est heureuse. Mais elle s’empresse d’ajouter avec une confusion délicieuse : « Mon mari le tue en mettant dessus les œuvres de Molière. Je deviens rouge de honte, et vous sentez que je vais me cacher dans une Élégie où je parle au moins selon mon cœur. »

Excellent Valmore ! Quand nous aurons appris à le connaître, je nierai qu’il eût le pli professionnel…, et pourtant, voilà bien, chez lui, l’étrange propension qu’ont les acteurs à se mêler de ce qui ne les regarde pas ! Peut-être avait-il raison de renvoyer Marceline à ses élégies… ; mais il avait tort de le faire au nom de Molière : il devait se contenter de le mal jouer.


Hélas ! il était dans la destinée des pauvres gens de ne pouvoir bâtir leur nid nulle part sans que l’orage le détruisît. Le directeur du théâtre de Bordeaux étant mort et en attendant le résultat d’une liquidation hasardeuse, les Valmore retournèrent, pour quelques mois, à Lyon, en 1824. Bordeaux les revit au commencement de l’année sui-