Aller au contenu

Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
LA MÈRE

« L’excellent homme qui devint son époux », ajoute M. Pougin, par la bouche duquel parle M. Delhasse.

« Honnête, affectueux, dévoué, mais d’une nature moins fine que sa femme, » témoigne enfin M. Rivière, d’après la correspondance qu’il a compulsée.

Ils ont raison ; mais Sainte-Beuve a, seul, indiqué le trait essentiel de cette physionomie, et ce trait ne ressemble guère à un pli professionnel. L’observateur fait abstraction du comédien et n’a pas besoin de creuser beaucoup pour trouver l’homme, et le brave homme.

Le pli professionnel, ce serait d’abord, je pense (Daudet en a fait le sujet d’une nouvelle : Un Ménage de chanteurs, l’homme en arrivant à payer la cabale contre la compagne qui l’éclipse), ce serait, dis-je, la vanité empoisonnant l’amour, l’affection ; le succès de la femme aigrissant le cabotin dans son mari. Rien de pareil chez Valmore, que l’on sache. À Lyon ou à Bruxelles, dans les pièces où ils se donnaient la réplique, le plus applaudi des deux n’était pas lui. En conçut-il du dépit ? Loin de là.

Le plus joli des portraits de Marceline actrice a été retrouvé par Lacaussade dans les papiers de Valmore, et le voici :

Moins bien douée du côté de la figure que Mlle Mars, Marceline avait une voix pleine de charme et une physionomie bien autrement éloquente. Elle aussi avait