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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

L’Indien se couche au fond de son canot, quand il tourbillonne sur l’abîme. Moi, je ne peux pas même me coucher. Il faut chercher souvent pour le jour même, afin que moi seule je sache ce que c’est que l’abîme.


Ces chuchotements à l’oreille de Pauline indiquent suffisamment que le père et le fils, en réunissant leurs appointements, apportaient au ménage juste de quoi végéter et que Mme Valmore n’équilibrait son budget qu’à force d’économie et de petits moyens.

Le dédain de l’Académie française pour le poète s’était communiqué aux éditeurs qui déclinaient l’honneur de publier ses dernières poésies, présentées partout par Brizeux et partout repoussées. Elles avaient pourtant les charmes d’un beau soir. On dirait que Mme Valmore s’y résume, qu’elle fait ce que le conteur Bouilly, surnommé Frère pleurnichard, appelait ses Récapitulations (écrites, d’ailleurs, sans pleurnicher, et fort intéressantes.) Amour, religion, famille, mêlent une dernière fois avec candeur le sacré au profane. Une pièce gracieuse et tendre.

Allez en paix, mon cher tourment,
Vous m’avez assez alarmée,
Assez émue, assez charmée…
Allez en paix, mon cher tourment.
Hélas ! mon invisible aimant !


Cette pièce est datée : 6 juin 1857. Mme  Val-