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L’ENFANT

Chose dite, chose faite. Voilà nos deux enfants en route.

Mais, au sortir de la ville, ils avaient rencontré le colonel d’un régiment de hussards en garnison à Douai, lequel colonel, reconnaissant les mioches et instruit par eux de leur dessein naïf, les avait, en riant, ramenés à leur mère. Non sans promettre, bien entendu, de faire élargir le captif.

Et c’est là comme le modèle d’un de ces contes qu’illustrera plus tard un Tony Johannot ou un Nanteuil, collaborant avec Mme Valmore à la récréation du jeune âge.


Où Marceline reçut-elle, en ce temps troublé, l’enseignement élémentaire, le léger bagage qu’elle n’augmenta guère dans la suite ?

Elle l’a dit : un peu à l’école, et de sa sœur-Cécile davantage.

Ma sœur m’aimait en mère ; elle m’apprit à lire.
Ce qu’elle y mit d’ardeur ne saurait se décrire.

Jeune fille déjà, lorsque Marceline était encore enfant, Cécile avait un vif appétit de lecture et c’est à Saint-Preux, son héros favori, qu’elle pensait, paraît-il, « en poursuivant l’ombre d’un mari ». Aussi repoussa-t-elle les avances d’un petit horloger genevois, bon parti à tous égards pourtant.

« Ce n’est pas là Saint-Preux ! » répondait-elle