Aller au contenu

Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
MARCELINES DESBORDES-VALMORE

rappelant mon père qui l’aimait avec une passion si grave, si sainte, si fidèle ! Surtout en me rappelant ce nid où le mâle abandonné se livra tout-à-coup à une douleur si frénétique et si puissante !


Il est trop tard. Déjà, d’ailleurs, ces lignes d’Introduction à l’Atelier d’un peintre nous avaient avertis : « Malgré ses apparences uniformes et paisibles, la vie humble, pauvre et obscure du logis a son drame de même qu’une vie agitée et féconde en événements. »

Mais il faudrait peu connaître Marceline pour la supposer capable de blâmer ou seulement de juger sa mère. Celle-ci est une sainte que sa belle chevelure nimbe à jamais, comme Félix Desbordes, malgré sa déchéance, restera toujours, aux yeux de sa sœur, le compagnon d’enfance espiègle et pardonnable ; comme l’aïeul migrateur, enfin, qui délaissa si souvent Marie-Barbe, sa femme, arrachera, néanmoins, ce cri à Mme Valmore sexagénaire : « J’aime tant la belle figure de mon grand-père ! »

Que Catherine Desbordes ait été parfaite dans le bonheur et la tranquillité, on peut, au demeurant, l’admettre, sans aller, toutefois, jusqu’à dire, comme M. Corne, qu’elle était « distinguée, éprise de musique et de poésie, femme d’imagination et de cœur ».

Elle semble surtout avoir eu le caractère aigri et dénaturé par les revers. L’adversité fut comme le levain d’une pâte de femme où le dépit et l’ambi-