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personnages, ni de fables, on ne peut leur refuser une création immense, celle d’un système entier dont les formes majestueuses ne se sont pas altérées pendant deux cents ans. Voici quelques lignes de l’ouvrage de M. Sainte-Beuve, qui rendent notre pensée beaucoup plus éloquemment que nous ne pourrions le faire : « On vit, chose inouïe jusque-là, une littérature moderne appliquer le goût le plus exquis à ses plus nobles chefs-d’œuvre ; la raison prévenir, assister le génie, et, comme une mère vigilante, lui enseigner l’élévation et la chasteté des sentimens, la grâce et la mélodie du langage. On vit l’imitation des anciens devenue originale et créatrice, réfléchir, en l’embellissant encore, la civilisation la plus splendide de notre monarchie, et de cette fusion harmonieuse entre la peinture de l’antiquité et celle de l’âge présent, sortir un idéal ravissant et pur, objet de délices et d’enchantemens pour toutes les âmes délicates et cultivées. Enfin, si l’on n’eut pas en France la poésie du Dante, de l’Arioste et du Tasse, ni surtout la poésie de Shakspeare, l’on eut Racine, et, pour la première fois, la perfection de Virgile fut égalée. »

À l’exception donc de cet admirable Cid, sur