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à fort peu d’exceptions près, à ne plus être qu’un moule bannal où l’on jette des entrées et des sorties extrêmement bien motivées, sans s’occuper de faire agir et parler les personnages d’une manière neuve et attachante. De là, cette indifférence du public pour le Théâtre-Français, qui fut si long-temps notre gloire et notre plus noble plaisir.

Chez tous les peuples, les arts, à certaines époques, changent de formes et de moyens, quoique leur but et leurs effets soient toujours les mêmes. Il en est de cela comme des lois. De temps à autre, de nouvelles combinaisons de plaisirs, de nouvelles conditions de succès deviennent nécessaires. Nous en sommes là aujourd’hui pour tous les arts. La révolution musicale opérée par M. Rossini, celle qui s’opère en ce moment dans la peinture, sont des preuves irrécusables de cette vérité. On ne peut nier l’immense révolution produite dans la littérature française par les historiens, les philosophes et les poètes de la nouvelle école ; pourquoi l’art dramatique n’aurait-il pas son tour ?… mais déjà, cette révolution est tentée avec plus ou moins de bonheur sur tous nos théâtres. Seul, le Théâtre-Français reste encore immobile au milieu du mouvement général. C’est la dernière forteresse du scholastique ;