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CH. IX, DESCRIPTION GÉNÉRALE

de son carquois, il en a tiré une flèche qu’il est prêt à lancer avec son arc déjà tendu. Il foule aux pieds des ennemis vaincus, emblème de la victoire certaine qu’il va remporter. Jamais nous n’avons vu cette belle figure sans éprouver un vif sentiment d’admiration, et sans rendre justice à l’art des Égyptiens. Ce n’est pas que, pour la perfection, elle puisse être comparée aux belles sculptures en bas-relief que la Grèce nous a laissées. On ne doit point mettre en parallèle des ouvrages exécutés dans des systèmes tout différens et d’après des données qui ne sont pas les mêmes. Mais cette figure, comparée aux autres sculptures des Égyptiens, est une des plus précieuses et des mieux exécutées ; elle prouverait seule, si d’ailleurs on n’en avait une infinité d’autres exemples, que l’art, tel que les Égyptiens l’ont conçu, a été porté chez eux à une grande perfection. On ne trouve plus ici cette pose immobile et sans action, qui paraît avoir été de rigueur dans les bas-reliefs sacrés ; toute la figure est animée et pleine de mouvement ; son action est bien sentie : elle est aux sculptures égyptiennes ce que l’Apollon du Belvédère est aux statues grecques. Il n’est peut-être pas inutile de faire remarquer l’analogie qui existe entre la pose de l’Apollon et celle du guerrier égyptien : le dieu des Grecs vient de lancer le redoutable trait qui a vaincu le serpent Python, et le héros des Égyptiens va lancer la flèche qui doit porter la mort dans les rangs ennemis.

Le héros est précédé de quatre archers qui sont dans la même attitude que lui : leurs carquois sont ouverts, et ils en ont tiré des flèches qu’ils dirigent sur les enne-