Page:Description de l'Égypte (2nde édition - Panckoucke 1821), tome 2, Antiquités - Description.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
CH. IX, DESCRIPTION GÉNÉRALE

un combat naval, on se demande pourquoi les Égyptiens n’ont pas figuré les eaux telles qu’on les voit dans les passages de fleuves sculptés sur les murs extérieurs de leurs palais. Nous croyons en voir la raison dans la différence qu’ils faisaient des eaux douces et bienfaisantes des fleuves et des eaux de la mer. On sait que, dans leur système mythologique et religieux, ils regardaient celles-ci comme pernicieuses, en ce qu’elles rendent incultes et inhabitables les terrains qu’elles avoisinent : elles étaient pour eux le Typhon qui avait autrefois possédé le partage d’Osiris, c’est-à-dire, la terre féconde d’Égypte. Il n’est donc pas extraordinaire que, pour figurer les eaux de la mer, ils n’aient point voulu profaner un caractère sacré qu’ils employaient uniquement pour représenter les eaux douces. Cette remarque elle-même nous porte encore plus à conclure que le combat que nous venons de décrire a été livré sur mer. Nous verrons bientôt les témoignages historiques venir à l’appui de cette opinion[1], en faveur de laquelle nous ajouterons encore ici que la forme des barques diffère totalement de la forme de celles qui voguaient sur le Nil, et dont nous avons retrouvé des représentations dans les grottes, principalement à Elethyia[2].

À gauche du combat naval, on voit les prisonniers que l’on amène devant le vainqueur : les uns ont les bras liés, les autres ont les mains retenues par des espèces de menottes. Ils sont conduits deux à deux par des officiers égyptiens, précédés eux-mêmes de militaires qui paraissent être d’un plus haut rang : ceux-ci sont vêtus

  1. Voyez ci-après, §. vi.
  2. Voyez pl. 68, A., vol. i.