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CH. IX, DESCRIPTION GÉNÉRALE

bien qu’il y ait entre eux une distance de plusieurs siècles. Ils ont puisé à une source commune ; car il y a de certains faits sur lesquels le premier historien s’étend davantage, et que le second a presque entièrement omis, tandis que d’autres faits qui ont été exposés plus au long par l’un, n’ont été qu’esquissés par l’autre. Mais ce qui, pour l’objet dont nous nous occupons, fait une différence très-grande entre les deux historiens, c’est que les récits de Diodore et les bas-reliefs représentant la suite des exploits de Sésostris, ont une conformité qui n’existe pas entre ces sculptures et les faits rapportés par Hérodote. Nous conclurons donc de toute cette discussion, que les deux auteurs ont puisé leurs matériaux dans les annales de l’Égypte, et que les prêtres de cette célèbre contrée leur ont fourni sur la vie de Sésostris les détails qu’ils nous ont transmis, mais qu’il ne paraît pas que ces mêmes prêtres aient montré à Hérodote les monumens historiques gravés sur la pierre, qui devaient, pour ainsi dire, attester la vérité de leurs discours.

Nous ne quitterons pas ce sujet sans appeler l’attention sur ce qu’a dit de Sésostris un célèbre critique, dont nous sommes loin de partager l’opinion. M. de Pauw, dans le premier volume de ses Recherches philosophiques sur les Égyptiens et les Chinois, ne veut point accorder à Sésostris le titre de conquérant ; il le regarde seulement comme un des meilleurs rois qui aient gouverné l’Égypte, et qui, succédant aux rois pasteurs, les plus impitoyables tyrans dont l’histoire fasse mention, aient restitué au peuple la propriété des terres, que ceux-ci lui avaient ôtée. Ce que M. de Pauw ne peut surtout accorder, c’est