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DE THÈBES. SECTION I.

que Sésostris ait fait construire sur la mer Rouge une flotte nombreuse. Il se fonde particulièrement sur ce que les Égyptiens avaient une aversion invincible pour la mer. Il est certain que les eaux de la mer, dans leur système mythologique et religieux, et nous en avons déjà fait la remarque, comme l’emblème de Typhon, l’ennemi d’Osiris[1]. C’était dans la mer que venaient se perdre les eaux bienfaisantes et régénératrices du Nil, leur Osiris terrestre. Mais il faut considérer que ces opinions religieuses ne devaient pas plus faire renoncer les Égyptiens à la navigation sur mer, que leur respect pour les animaux sacrés, tels que le bœuf, la brebis et tant d’autres, ne les empêchait de se nourrir de la chair de ces animaux, ou que leur haine pour les Arabes pasteurs ne les éloignait de l’éducation et de la garde des troupeaux. Il faut considérer encore que, nonobstant cette aversion religieuse pour les eaux de la mer, les marins, au rapport d’Hérodote, étaient cependant en assez grand nombre pour former une des sept classes de la nation ; et cela n’a pu sûrement être le résultat que d’une certaine extension donnée au commerce. Si l’on ajoute à toutes ces considérations, qu’il est assez généralement reçu d’accorder aux Égyptiens des connaissances très-étendues en géographie, et si l’on admet la science prodigieuse que S. Clément d’Alexandrie[2] donne à l’hiérogrammatiste ou scribe sacré des Égyptiens, on tombera d’accord que tant de connaissances ne peuvent provenir

  1. Voyez le Traité d’Isis et d’Osiris de Plutarque.
  2. Voyez la citation no i.