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CH. IX, DESCRIPTION GÉNÉRALE

Aristote[1] énonce la même opinion en parlant de l’Égypte, dont il dit que le terrain est entièrement formé par le limon que le Nil charrie avec ses eaux.

Diodore[2], Strabon[3], Pline[4], Plutarque[5], adoptent tous l’opinion d’Hérodote, qu’ils appuient chacun de raisons qui leur sont particulières. Cette unanimité est extrêmement remarquable, et l’on a peine à concevoir comment un académicien célèbre[6] a pu, d’après les mêmes autorités, avancer une opinion diamétralement opposée. Un des plus forts argumens dont Fréret se sert pour soutenir que le sol de l’Égypte n’a éprouvé aucun changement, consiste en ce que toute l’antiquité et tout les écrivains du moyen âge s’accordent à assigner le même nombre de coudées[7] pour termes d’abondance.

    ne proviendra probablement jamais que de la mauvaise distribution des eaux, de la direction peu favorable des canaux, du défaut de leur entretien, et de l’envahissement des sables du désert.

  1. Aristot. Meteorolog. l. i, c. 14.
  2. Diod. Sic. Biblioth. hist. l. iii, pag. 175, edit. 1746.
  3. Strab. Geogr. lib. xii, p. 536, edit. 1620.
  4. Plin. Hist. nat. lib. xiii, c. 11.
  5. Plutarch. de Iside et Osiride, pag. 367, edit. Francofurt. 1599.
  6. Voyez un mémoire de Fréret, ayant pour titre, De l’accroissement ou élévation du sol de l’Égypte par le débordement du Nil, tom. xvi de l’édition in-4o des Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, pag. 333.
  7. Hérodote (Hist. liv. ii, ch. 13, pag. 94 de l’édition de 1618) indique seize ou au moins quinze coudées.
    Strabon (Geogr.’liv. xvii, p. 788 de l’édition de 1620) indique quatorze coudées.
    Plin. (Hist. nat. lib. v, cap. 9) s’exprime ainsi Justum (Nili) incrementum est cubitorum sexdecim. Minores aquæ non omnia rigant ; ampliores detinent, tardiùs recedendo. Hæ serendi tempora absumunt solo madente ; illæ non dant sitiente. Utrumque reputat provincia : in duodecim cubitis famem sentit, in tredecim etiamnum esurit ; quatuordecim cubita hilaritatem afferunt, quindecim securitatem, sexdecim delicius.
    Plutarque, dans son Traité d’Isis et d’Osiris, et Aristide, dans son Discours sur l’Égypte, indiquent l’un et l’autre quatorze coudées.
    Un grand nombre de méadilles d’empereurs marquent seize coudées.
    Ammien-Marcellin, dans le cha-