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DE THÈBES. SECTION II.

C’est ainsi qu’Hérodote, Strabon, Pline, Plutarque, Aristide, Ammien-Marcellin, indiquent, tous, les termes de quatorze à quinze coudées pour les années de fertilité ; il en est de même des écrivains mahométans : d’où Fréret conclut que le sol de l’Égypte n’a éprouvé aucun changement. Encore actuellement même, une crue effective de quatorze, quinze et seize coudées marquées au nilomètre du Kaire, est un indice certain d’une abondante récolte : mais nous n’en tirerons point les mêmes conséquences que l’académicien ; car il est facile de concevoir que le lit du fleuve et des canaux, et le sol de la vallée, peuvent, par l’effet des dépôts qu’y laissent les eaux limoneuses du Nil, augmenter réellement et conserver la même différence de niveau[1]. Alors, si le volume des eaux ne change point, et c’est ce qui

    pitre 15 du livre xxii de son Histoire, s’exprime ainsi : Abundè itaque luxurians ita est noxius, ut infructuosus, si venerit parcior : gurgitum enim nimietate humectans diytiùs terras, culturas moratur agrorum ; parvitate autem minatur steriles segetes. Eumque nemo aliquando extolli cubitis altiùs xvi possessor optavit.
    Kalkashendi, d’après le témoignage d’al Kodaï, indique quinze et seize coudées ; Maçoudy, quinze, seize et même dix-sept coudées ; l’Edriey, seize coudées.
    Quelques voyageurs modernes indiquent des crues de vingt-deux à vingt-trois coudées ; mais il n’y a point de doute qu’ils ne fassent mention de toute la hauteur du fleuve, à partir du fond de son lit.
    Notre objet n’est point de discuter tous ces témoignages, qui nous conduiraient à examiner si la coudée dont il est fait mention est toujours restée la même depuis Hérodote jusqu’à ces derniers temps ; ce travail sera entrepris par quelques-uns de nos collègues. Il nous a suffi de rassembler ici tous ces témoignages, pour en conclure seulement que la quantité à peu près invariable des crues effectives, exprimée en coudées, ne peut conduire à cette conséquence, que le sol de l’Égypte n’a éprouvé aucun changement.

  1. Pour mieux faire sentir la conséquence à laquelle nous voulons arriver, nous supposons ici que le fond du Nil et le sol de la vallée s’exhaussent également ; ce qui n’est point cependant rigoureusement vrai. Il ne faut considérer ce rapport que comme une sorte de limite autour