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DE THÈBES. INTRODUCTION.

cet antique peuple de Thèbes, d’avoir vécu sous un climat si propice à la conservation des monumens ! Que de nations ont passé sur la terre, sans avoir laissé aucune trace de leur existence ! Mais il semble que la nature a été d’accord avec les Égyptiens, en secondant leurs vues grandes et élevées ; ou plutôt ce peuple vraiment observateur avait reconnu que tout, dans sa patrie, tendait à éterniser les monumens qu’il avait la hardiesse de concevoir et l’audace d’exécuter. Ce n’est donc pas en vain qu’il a entrepris dans le sein de la terre, et porté jusqu’à leur dernière perfection, des travaux peut-être plus nombreux que ceux qu’il a élevés à sa surface ; ce n’est pas en vain qu’il a enlevé aux montagnes leurs rochers, pour en former des temples et des palais, pour les façonner en statues colossales et en obélisques immenses. Si tous les monumens qu’il a élevés ne subsistent point dans leur entier, il en reste assez pour prouver que l’industrie humaine peut lutter avec avantage contre l’action du temps, et opposer d’insurmontables obstacles aux ravages des conquérans destructeurs.

Tel est l’aperçu général de cette fameuse Thèbes, dont on chercherait en vain à se faire une juste idée, si l’on n’avait point erré dans ses palais et dans ses temples, ruines si magnifiques, si vantées, et pourtant si peu connues jusqu’à ce jour. Est-il rien de plus merveilleux que l’ensemble qu’elles présentent aux regards du voyageur qui a pu pénétrer jusqu’aux lieux qui les recèlent ? Les généraux français, les soldats eux-mêmes, à la vue de cet imposant spectacle, lui ont payé le plus beau tribut d’admiration. Une des fêtes les plus importantes de notre