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CH. IX, DESCRIPTION GÉNÉRALE

tablent celle qui frappe davantage par sa masse imposante et son caractère de grandeur, on est convaincu que ses fondateurs ont voulu le rendre indestructible, et que les architectes égyptiens chargés de sa construction ont fait tous leurs efforts pour faire passer ce monument à la postérité la plus reculée. On ne vantera sûrement pas l’élégance de ses colonnes, mais elle sont colossales ; elles ont près de deux mètres et demi[1] de diamètre, et ne paraissent pas trop grosses pour porter les énormes pierres qui forment les architraves et les plafonds. Quand on veut se rendre compte des sentimens d’admiration que l’on éprouve à la vue de cet édifice, on reconnaît qu’on est surtout séduit par la beauté de ces grandes lignes qui, dans un long espace, ne présentent aucune interruption, et dont la parfaite exécution répond à la manière grandiose dont elles ont été conçues. Si nos architectes n'étaient revenus à de sages principes, ils trouveraient ici la preuve que les lignes tourmentées et les avant-corps ne peuvent jamais être en architecture la source d’aucune espèce de grandeur et de beauté. Mais ce qui ajoute beaucoup à l’effet que produit le péristyle, ce sont les piliers cariatides qui le décorent. Comment, en effet, n’être pas saisi d’un respect religieux et profond à la vue de ce conseil de dieux réunis, en quelque sorte, pour dicter les lois de sagesse et de philanthropie que l’on voit partout écrites sur les murs du palais ? Les artistes égyptiens, en adossant ces statues de dieux à des piliers qui portent de riches plafonds décorés d’étoiles d’un jaune d’or parsemées sur un

  1. Sept pieds six pouces.