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DE THÈBES. SECTION I.

fond bleu, semblent avoir voulu nous représenter la Divinité suprême sous la voûte azurée qu’elle remplit de son immensité. Quelle impression vive et profonde l’aspect de ce lieu ne devait-il pas produire sur les anciens Égyptiens, pour qui tout avait ici un sens mystique et religieux, si nous, qui sommes étrangers à leurs mœurs, à leurs habitudes et à leur culte, nous n’avons pu sans émotion pénétrer au milieu de ces galeries dont chaque support est un dieu ? Combien la simplicité de la pose et de la forme des statues est monumentale, et combien leur ronde immobilité ajoute à l’aspect imposant de tout l’édifice ! Ce qu’un examen superficiel pourrait faire regarder comme l’enfance de l’art, paraît, au contraire, le résultat d’un perfection prévue et calculée.

On sait que les Grecs s’attribuaient la gloire d’avoir porté chez les Orientaux les sciences et les arts, et qu’ils mettaient un soin particulier à cacher les larcins qu’ils ont fait à ces peuples. Nous avons déjà remarqué[1] qu’ils ont pu emprunter des Égyptiens l’idée de faire porter des membres d’architecture par des figures de captifs ; mais nous voyons bien mieux encore ici ce qui a pu fournir aux Grecs l’idée de leurs cariatides telles qu’ils les ont exécutées. Peut-on, en effet, refuser d’admettre que les édifices égyptiens du genre de celui que nous décrivons, ne leur en aient uniquement suggéré la pensée ? Ainsi tombe d’elle-même cette tradition historique adoptée sur la parole de Vitruve, et que l’on ne voit consignée nulle autre part, qu’afin de punir les habitans de Carie de s’être joints aux Perses pour combattre les

  1. Voyez page 60.