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Page:Desjardins - Les caisses populaires, Cie. D'Imprimerie Ottawa, 1912.djvu/11

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nombreuses ni compliquées de leur nature. Au fur et à mesure que les fonds s’accumulent, exigeant des placements fructueux, au fur et à mesure aussi s’acquièrent les connaissances nécessaires pour assurer une parfaite administration. Plus tard, après quelques années de fonctionnement, les anciens officiers comme ceux qui pourraient être appelés à leur succéder ont acquis les uns et les autres une connaissance théorique ou pratique absolument rassurante. Du reste, tous les officiers ne sauraient être remplacés en bloc, de sorte qu’il en reste toujours un certain nombre pour guider les nouveaux venus, si besoin en est.

D’ailleurs, nous sommes tous aussi intelligents pour le moins que la plupart des peuples européens, où ce régime s’est établi et chez lesquels on ne pouvait, au début, pas plus trouver que parmi nous des experts en la matière, et où, pourtant, ces institutions se sont développées merveilleusement depuis soixante ans, à tel point que l’on compte aujourd’hui, en Europe seulement, 56,000 de ces Caisses, sans inclure celles qui, depuis quelques années, s’organisent aux Indes et au Japon, en Asie. Or, personne ne prétendra assurément qu’un Canadien Français est moins intelligent qu’un Indou ou un Japonais. Ayons au moins la fierté de notre race et n’allons pas, par une timidité enfantine, par une peur des fantômes, nous mettre plus bas que les autres peuples. Ce serait nous décerner bien injustement un certificat d’imbécilité et d’ignorance que nous ne méritons pas. Quant à moi, je suis absolument confiant dans l’intelligence et l’honnêteté de mes compatriotes et je n’ai aucune crainte de leur confier le soin de diriger un pareil organisme quand je vois les succès qu’il a eu ailleurs, dans des groupements n’offrant pas plus de garanties que les nôtres.

D’ailleurs, l’expérience est faite, même au Canada, et bien loin de démentir mes prévisions, elle est venue les confirmer avec éclat et fortifier encore ma conviction. Il existe dans la seule province de Québec plus de soixante et seize de ces Caisses Populaires, et partout elles ont répondu à mon attente comme à celle des citoyens éclairés qui avaient pris l’initiative de leur organisation. Et, remarquez-le bien, ce mouvement d’expansion, de créations nouvelles, compte à peine deux ans et quelques mois d’existence, bien que la première Caisse Populaire Canadienne ait été fondée il y a plus d’onze ans à Lévis. Mais pendant huit ou neuf longues années j’ai refusé positivement d’organiser de telles Caisses ailleurs, répondant