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Page:Desjardins - Les caisses populaires, Cie. D'Imprimerie Ottawa, 1912.djvu/12

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toujours aux invitations pressantes qui m’étaient faites, que le temps n’était pas venu de répandre ailleurs cet organisme, que je voulais faire une expérimentation complète afin d’être bien certain du succès et en position de répondre victorieusement par des faits indéniables à toutes les objections que les peureux ou les intéressés pourraient faire. Ce n’est donc qu’après des années et des années d’études et d’expérimentation pratique couronnée de succès toujours grandissants, que je me suis décidé enfin à faire bénéficier les autres paroisses de ce régime bienfaisant. Vous allez voir par les chiffres que je vais mettre sous vos yeux si, oui ou non, mon attente a été confirmée ou mes espérances déçues.

Prenons d’abord La Caisse de Lévis, la première organisée dans la province de Québec. Fondée le 6 décembre 1900, elle commença ses opérations le 23 janvier 1901. On comprend un tel délai lorsque l’on songe que tout était à créer dans une œuvre aussi nouvelle, mais tel n’est plus le cas aujourd’hui. Le premier versement que je reçus — car on avait bien voulu me confier la gérance en même temps que la présidence — fut un pauvre dix sous ! Voilà bien l’humble début qui convenait à une telle Caisse, puisqu’elle s’adressait surtout et avant tout aux travailleurs sans ressource, qui n’ont d’autre capital que leur honnêteté, leur amour du travail et des bras vigoureux. À ces qualités, il fallait en ajouter une autre sans laquelle rien ne réussit : l’Épargne persévérante, et c’est la Caisse qui la leur donna.

Le résultat total de notre première perception s’éleva à vingt-deux piastres et quelques sous. C’est avec un aussi modeste début que nous avons commencé nos opérations. Aussi, ce n’est pas sans orgueil et sans une légitime fierté que je me rappelle de ces faits qui me paraissent lointains, lorsque je reporte mes yeux sur les chiffres indiquant le volume de nos affaires d’aujourd’hui. À ceux qui me gouaillaient peut-être en me demandant d’une façon sceptique si, avec $22.00, encaissés la première journée, j’espérais encore pouvoir fonder une banque, je répondais hardiment, avec une confiance entière et profonde : « Oui, et si les fonds ne viennent pas avec plus d’abondance, nous y mettrons de la persévérance, une persévérance acharnée qui ne se lassera jamais, que rien ne rebutera et qui saura attendre le succès final qu’il me semble être impossible de ne pas atteindre. » Or, ce succès ne s’est pas fait attendre aussi longtemps que je le croyais, puisque dès l’année sui-