Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/250

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Quitte d’un ferme effort l’attache qui te serre ;
Et le soin de livrer ce corps froid à la terre.
Tu dois te reserver pour des employs meilleurs.
Laisse-moy ce devoir : le ciel t’appelle ailleurs.
Je vay guerir le mal dont ton ame soupire.
Par toy sera chrestien tout le françois empire.
Par tes ardens soucis, Clovis le vaillant roy,
Du seigneur éternel doit recevoir la loy.
Marche sans differer : suy le dieu qui t’éclaire.
Dans Rome tu verras de Christ le grand vicaire.
Pour bénir tes desseins, il bénira ton front.
Voy le Rhône et ses bords, d’un cœur soigneux et prompt.
Une auguste princesse, aussi sainte que belle,
Lancera dans tes yeux une douce estincelle.
C’est celle que le ciel destine pour ton roy,
Qui doit remplir sa couche, et luy porter sa foy.
Denis, le saint martyr, qui dans la Gaule heureuse
Planta de Jesus-Christ la creance amoureuse,
Prend le soin de sa vie, et luy dicte les loix
Qu’elle doit inspirer au prince des françois.
Mais tandis qu’il vivra dans une loy payenne,
Ton cœur sage et discret luy doit celer la tienne.
Un grand zele, à ces mots, soudain me vient saisir.
Et malgré ma douleur, je sens un doux plaisir.
Je baise le corps froid de mon espouse aimable ;
Et m’arrache à regret de ce lieu déplorable.