Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/401

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Alaric te promet, et te donne asseurance,
Que si le sort heureux la met sous sa puissance,
Il sçaura par raison differer son bonheur.
Il veut, par un duel en acquerir l’honneur.
Donne une mesme borne à ta flame amoureuse,
Si pour la rencontrer ta route est plus heureuse.
Arreste tes desirs, jusqu’au celebre jour,
Où la seule valeur doit couronner l’amour.
Le prince reçoit l’offre, et par serment s’engage :
Et desja son grand cœur luy promet l’avantage.
La nuit enferme tout sous son voile obscurcy :
Et de tous, le sommeil enferme le soucy.
Au lever du soleil, le roy sçait les nouvelles
Que du camp ennemy s’avancent les deux ailes :
Et qu’on les void couvrir les champs de toutes parts,
Plus loin que nul ne peut estendre ses regards.
Clovis dedaigne alors d’avoir ses dieux propices :
Et ne perd plus de temps à de vains sacrifices.
Et prestres, et devins, il a tout à mépris.
Aux soins de la bataille il met tous ses esprits.
Entre deux monts couverts d’une forest obscure,
S’estendoit d’un grand pré l’agreable verdure ;
Mais dont le beau tapis et d’herbes et de fleurs,
Va noyer dans le sang ses diverses couleurs.
Le roy sage et vaillant veut qu’Arbogaste range
Dans la pointe du pré la françoise phalange.