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Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/407

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Comme un large torrent, qu’une nuit a fait naistre,
Surprend, ébranle, abbat une maison champestre ;
Noye avec les troupeaux les pasteurs endormis ;
Delà sort en vainqueur ; et de flots ennemis
Destruit jusqu’aux vallons sa natale montagne :
Puis d’un plus libre cours ravage la campagne.
De mesme les saxons, en jettant mille cris,
Sur Elbinge estonné, sur Belsonac surpris,
D’un flot victorieux tombent dans la prairie ;
Et de sang et de corps couvrent l’herbe fleurie.
Arderic les approche ; et d’un accent germain
S’offre à suivre leur rage, à leur prester la main.
Puis au marse Mammol, au prince des bructeres,
Venez, suivez, dit-il, vos voisins et vos freres.
Sous le joug des françois cessez d’estre asservis.
Les saxons à ce coup vous vangent de Clovis.
Comme son protecteur la troupe le regarde.
Sous ses ordres desja marche l’arriere-garde.
Et le roy des danois, l’impie et le cruel,
Qui suit de ce torrent le flot continuel,
Amant de la fureur, dont le timbre terrible
D’un cheval à crins noirs porte la queuë horrible,
Par tout de corps meurtris jonche le verd gazon.
Il aime à triompher par une trahison.
Et les siens à l’envy secondant ses outrages,
D’une voix insolente irritent leurs courages.