Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/507

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Lors que Dieu veut combattre au secours de la foy,
Contre un superbe camp qui remplit tout d’effroy,
Un berger luy suffit, une femme, un prophete.
Toute force aussi-tost par un seul est deffaitte.
Tu le sçais par toy mesme : et le dieu des combats
T’a fait voir qu’un seul vœu vaut cent mille soldats.
Et ta foy te vaudra, pour vaincre toute audace,
Plus que glaive et bouclier, plus que lance et cuirasse.
Je l’avoüe, et l’ay veû, s’écrie en mesme temps
Un guerrier le plus proche entre les assistans.
Chacun de toutes parts estonné le regarde.
Oüy, prince, poursuit-il, je sçay que Dieu te garde.
J’ay tiré ce poignard trois fois pour me vanger ;
Et trois fois dans ton flanc j’ay voulu le plonger.
Trois fois un bras armé d’une flambante lame,
En terreur a changé la rage de mon ame.
En vain contre toy s’arme et la terre et l’enfer :
En vain j’ay mis en œuvre et le charme et le fer.
Je confesse, en voyant qu’un tel bras te seconde,
Que le dieu des chrestiens est le seul dieu du monde.
Lisois, qui reconnoist sa cruelle Yoland,
De surprise et d’amour a l’œil estincellant.
Est-ce Yoland ? Dit-il. Oüy, c’est moy, reprit-elle.
Mon orgueil à ce point me rendit criminelle.
Grand roy, punis en moy cet horrible attentat,
D’avoir voulu ravir Clovis à son estat.