Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/525

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Dans son fort Lusignan, sur la roche planté,
Reçoit les plus grands chefs de ce camp redouté :
Et d’un accueil ouvert, leur monstre en sa largesse,
La grandeur de son ame égale à sa noblesse.
Alaric void l’amas de tant de combattans ;
Et veut contre Clovis marcher en mesme temps.
Mais les goths allarmez au bruit de ce tonnerre,
Veulent qu’aux monts d’Auvergne il transporte la guerre :
Et craignant des vainqueurs les superbes efforts,
Qu’il transfere en lieu seûr ses plus riches tresors,
Des grands temples romains les images antiques,
Et tout l’or enlevé par les fureurs gothiques.
Il pretend arrester l’audace des françois,
Par cinq mille guerriers, dont Bouchard fait le choix,
Pour garder le passage, en son isle feconde,
Que la claire Vienne embrasse de son onde.
Clovis poussant l’ardeur de son camp diligent,
Attaint dé-ja le Cher, et l’Indre aux flots d’argent :
Ayant laissé dans Tours sa divine princesse,
Où pour luy, sans relasche, au ciel elle s’addresse.
Le duc, dans la nuit sombre, avoit conduit sur l’eau
Mille vaillans guerriers jusques à Mont-Soreau,
Pour se rendre en secret au delà du rivage,
Où la douce Vienne en la Loire s’engage :
Et pour surprendre à dos, du costé d’occident,
Bouchard qui de l’armée attend le choc ardent ;