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IV. — éventualité


Tout ceux qui vivent de l’oppression et qui l’aiment, les réactionnaires, sont aux abois ; leur antipathie contre la République n’étant plus partagée que par un petit nombre de personnes, devient comme tout ce qui se concentre d’autant plus intense que ce nombre diminue. Cette antipathie en est arrivée à être une essence de haine très-concentrée. On ne peut nier que cette essence ne soit dangereuse : une goutte de poison peut tuer l’homme le plus robuste.

Il ne faut pas dédaigner de nous préoccuper des agissements de la réaction.

Elle a répandu faiblement le bruit que le maréchal de Mac Mahon donnerait sa démission de président de la République aussitôt la fermeture de l’Exposition, à la veille des élections sénatoriales. Cela n’est guère probable et cependant est possible.

En supposant que le premier magistrat ait l’intention d’aider la réaction, ce qui serait contraire à ses propres intérêts, le pouvoir exécutif non occupé à la veille des élections sénatoriales pourrait surexciter les sentiments conservateurs ou pour mieux dire réactionnaires des électeurs sénatoriaux. Telle est la pensée de nos ennemis. Si cette démission était donnée les deux chambres réunies en congrès pourraient élire un président nouveau et indiquer la durée de ses pouvoirs.

Dans la composition du congrès le parti républicain y aurait une immense prépondérance ; il compterait environ 500 de ses adhérents contre 300 réactionnaires donc il pourrait, par accord, faire triompher une candidature franchement républicaine.

Trop souvent nous n’avons su profiter des circonstances ; nous recommençons trop de fois une lutte qui pourrait être terminée. La grande majorité des français est républicaine ; les mandataires de la nation sont républicains. Nous devons avoir un chef du pouvoir exécutif et une administration franchement républicains.