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IV

LE PUERO REGNANTE. — AROUET À LA BASTILLE. — EXIL À CHATENAY. — ŒDIPE.

Arouet n’habitait plus le domicile paternel, il s’était installé dans un appartement garni, rue de la Calandre, au Panier vert. Il y menait la même vie dissipée, rêvant, travaillant, soupant en ville, quittant Paris de temps à autre pour aller se recueillir et se retremper à Saint-Ange. Dans l’épître au grand prieur où se trouve un portrait de M. de Caumartin, qu’on a citée plus haut, il parle de la façon dont il a fait son carême « non avec harengs saurets et salsifis. » Les éditeurs de Voltaire ont donné à cette pièce la date de 1715 ; elle est inadmissible. Le grand prieur, comme on l’a vu, ne reparut à son grand prieuré qu’après la mort de Louis XIV ; donc Voltaire, au carême de 1715, ne pouvait être « des orgies de certain aimable prieur, » alors encore à Lyon[1]. La question serait même de savoir si cette épître fut écrite au carême de l’année suivante, ou s’il ne faut pas la reporter au carême de 1717 ; au

  1. Le carême de 1715 commença le mercredi des cendres, 6 mars, et finit le 21 avril, jour de Pâques, et Louis XIV mourut le 1er septembre de la même année.