Page:Desnoiresterres - La jeunesse de Voltaire.djvu/14

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était de réunir tout ce que les contemporains ont dit et pensé de l’auteur d'Œdipe dans leurs lettres intimes. Ce n’est pas ce qui nous a le moins préoccupé et ce qui a été de notre part l’objet de moindres poursuites. Si nous n’avons pas tout (et le moyen de tout avoir !) nous sommes parvenu a grouper un assez respectable amas de renseignements dont il nous a fallu user avec circonspection ; car, si la postérité n’a pas toujours l’équité qu’on est en droit d’en attendre, peut-on demander à des contemporains d’être plus désintéressés, plus judicieux, plus loyaux qu’elle ?

L’ouvrage a ses divisions naturelles, indiquées d’avance ; le cadre était donc tout lait, nous n’avions qu’à le remplir. Ce voyage de quatre-vingt-quatre ans avait ses étapes qu’il fallait maintenir. La première époque, la jeunesse de Voltaire, nous mènera jusqu’en, 1733, moment ou madame du Châtelet, en entrant dans sa vie, la modifiera souverainement. L’histoire de ces quinze années passées il Cirey, dans le commerce d’une femme aimable, éclairée, éprise de toutes les curiosités, ne sera ni la moins attachante, ni la moins féconde. Mais la marquise meurt a Lunéville ; Voltaire revient à Paris, la cour lui est ouverte, la Favorite lui sourit. Malheureusement trop de gens avaient intérêt à l’évincer pour ne pas y travailler et y réussir : il sera vite rebuté, malgré quelques faveurs passagères, et c’est alors, qu’il ira chercher a la cour de Sans-Souci des, égards et une considération qu’on lui marchandait dans son propre pays.